Chronique #16 : Entre chiens et loups de Malorie Blackman


Titre : Entre chiens et loups
Auteure : Malorie Blackman
Edition : Milan
Collection : Macadam
Nombre de pages : 396

Résumé : Imaginez un monde. Un monde où tout est noir ou blanc. Où ce qui est noir et riche, puissant et dominant. Où ce qui est blanc est pauvre, opprimé et méprisé. Un monde où les communautés s'affrontent à coups de lois racistes et de bombes. C'est un monde où Callum et Sephy n'ont pas le droit de s'aimer. Car elle est noire et fille de ministre. Et lui blanc et fils d'un rebelle clandestin...
Et s'ils changeaient le monde ?

Mon avis : Le résumé nous promet déjà une histoire passionante. Dans ce roman, Malorie Blackman n'aborde pas un nouveau thème puisqu'il traite du racisme. Mais ce thème dur est manié avec dextérité et fraîcheur car l'histoire que nous a pondu Malorie est tout sauf commune. Il est temps de rentrer dans le vif du sujet. Le roman a une double narration. On assiste à l'histoire selon de le point de vue de Sephy et Callum. Perséphone Hadley, dite Sephy, est une Prima (noire) et vit dans un milieu très aisé. En effet, son père est ministre et il est reconnu dans tout le pays. Sephy vit avec sa mère, Jasmine qui est une alcoolique finie. Elle enchaîne les verres de chardonnay et ne se rend même pas compte de la peine qu'elle cause à ses deux filles. Ses deux filles car Sephy a une soeur, qu'elle appelle Minnie, de son vrai prénom, Minerva. Ses deux jeunes filles sont constemment en froid et ne sont jamais d'accord. Mais au fil de l'histoire, on va découvrir que malgré leur relation conflictuelle, les deux soeurs s'aiment. Jusqu'au jour où Minerva trahit sa soeur. Doit-on lui en vouloir ou au contraire être d'accord avec son choix ? Chaque lecteur a sa propre vision. J'ai aimé Sephy, sa naïveté et sa loyauté envers Callum et les Nihils en général. Elle n'est pas comme sa famille. Le second personnage principal est Callum McGrégor. C'est un Nihil, donc un blanc. Il vit avec ses deux parents ainsi que son frère et sa soeur. J'ai détesté son frère, Jude, du début jusqu'à la fin. A vrai dire, je le hais. Il a un comportement égoïste et nombriliste. Il croit faire avancer le monde mais en réalité, il le détruit. Ou du moins, n'arrange pas la situation. A l'inverse, j'ai trouvé en Lynette, leur soeur, une fragilité émouvante. Elle est très douce et calme, c'est la lumière de la maison McGrégor. Mais pour Callum et sa famille, tout va basculer après sa disparition. Sephy et Callum vive une histoire d'amour passionnante. Ils vont être ensemble, se séparer, retourner ensemble et ainsi de suite. Ils s'aiment à se déchirer. Ce sont des Roméo et Juliette modernes. Les Prima et les Nihils vivent dans un monde d'une sauvagerie et d'une violence impitoyables. On découvre un monde égoïste et détestable sur tous les plans. Mais, malheureusement, cela sonne tellement vrai... Durant cette lecture, toutes les émotions m'ont traversée : colère, haine, pitié, tristesse, désespoir, joie... Toutes. Comme dirait mon père, c'est un "bougi-boulga" émotionel, que je ne peux que recommander. Je n'ai qu'une seule chose à dire pour résumer ce chef-d'oeuvre : lisez-le. Malorie Blackman emploie les mots justes, il n'y a ni mensonge, ni enjolivure. Nous ne pouvons que réfléchir et nous poser des questions sur notre comportement, après cette lecture. J'ai lu ce livre dans le cadre du Baby-challenge Jeunesse mais aussi pour une lecture commune avec Marinette. Je pense (je peux même affirmer) que ce roman a autant plu à Marinette qu'à moi et je vous recommande de lire sa chronique qui est tout simplement magnifique.

Mon avis :


"Callum m'a regardée. Je ne savais pas, avant cela, à quel point un regard pouvait être physique. Callum m'a caressé les joues, puis sa main a touché mes lèvres et mon nez et mon front. J'ai fermé les yeux et je l'ai senti effleurer mes paupières. Puis ses lèvres ont pris le relais et ont à leur tour exploré mon visage. Nous allions faire durer ce moment. Le faire durer une éternité. Callum avait raison : nous étions ici et maintenant. C'était tout ce qui comptait. Je me suis laissée aller, prête à suivre Callum partout où il voudrait m'emmener. Au paradis. Ou en enfer."

"Je ne sais pas combien de temps je suis resté sur la plage. J’ai vu le soleil disparaître derrière la ligne d’horizon. La nuit est tombée. Pourquoi ma vie était-elle soudain devenue si compliquée ? L’an dernier, je ne rêvais que d’une chose : être admis au collège de Sephy. J’ai passé du temps à réviser, à travailler. Et je n’ai pas pensé à ce qui se passerait une fois que j’y serais. Je n’avais pas réalisé que je serais aussi … indésirable. Et à quoi ça servirait, de toute façon ? Suivre ces cours ne m’ouvrait aucune possibilité d’obtenir un travail intéressant. Les Primas ne m’emploieraient que pour des fonctions subalternes. Alors pourquoi est-ce que je me donnais tant de mal ?
J’avais envie d’apprendre. Un gouffre au fond de moi demandait à être nourri de savoir, de mots, d’idées … comment pourrais-je être heureux à présent si je n’ai plus accès à toute cette masse de connaissances ?
J’essayais de toutes mes forces de comprendre pourquoi le monde fonctionnait de cette manière. On prétendait que les Primas étaient plus proches de Dieu. C’est ce qu’affirmait le livre sacré. Le fils de Dieu avait la peau noire comme eux. Les mêmes yeux qu’eux, les mêmes cheveux qu’eux. C’est ce qu’affirmait le livre sacré. Le livre sacré affirmait tant de choses. Il demandait aux êtres humains d’ « aimer leur prochain » et de « ne pas faire aux autres ce que l’on ne voulait pas qu’ils nous fassent ». Est-ce que le message le plus important du livre sacré n’était pas « vivre et laisser vivre » ? Alors comment les Primas pouvaient-ils se prétendre élus de Dieu et nous traiter de cette façon ? C’est vrai, l’esclavage n’existait plus, mais Papa disait que seul le mot avait disparu. Papa ne croyait pas aux paroles du livre sacré. Maman non plus. Ils disaient que ce livre avait été écrit et traduit par des Primas et qu’ils l’avaient modifié à leur avantage. Mais comment modifier la vérité ?
Nihil. Même le mot était négatif. Nihil. Néant. Négation. Néant. Ce n’est pas nous qui nous étions choisi ce nom. Pourquoi nous l’avoir octroyé ?
– Je ne comprends pas …
Les mots sont sortis de ma bouche et se sont envolés vers le ciel."

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

http://img600.imageshack.us/img600/2981/jeunesse.png

4/20

Lecture commune avec Marinette. C'était super sympa et j'espère que nous pourrons renouveler l'expérience. =)

Commentaires

  1. Perso, je n'ai pas détesté Jude ... bon, j'avoue qu'il m'a saoulé, mais j'espère bien que dans les tomes suivants on va pouvoir comprendre pourquoi il se comporte comme un c**.
    Je lui laisse le bénéfice du doute ... même s'il ne le mérite vraiment pas.
    En tout cas, oui, je pense que l'on peut dire que l'on a autant adoré ce livre l'une que l'autre ♥

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai, j'ai peut-être été un peu dur avec Jude. x)
      Je vais vite lire la suite pour on verra ce qu'il va devenir. =)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

C'est lundi, que lisez-vous ? #18

In My Mailbox #37

In My Mailbox #36